Kenzo, grand créateur japonais du XXème siècle est mort des suites de la Covid19.
On le reconnaissait facilement à sa figure ronde, ses lunettes, et sa coupe de garçon dans le vent, comme un éternel adolescent. Le créateur Kenzo Takada, ou Kenzo tout simplement, est mort le 4 octobre dès suite de la Covid19.
Tout le monde sait qu'il a été le premier styliste nippon à s'imposer et connu pour sa patte graphique (imprimés graphiques floraux). Il avait lancé ces motifs près de huit mille dessins au cour de sa carrière et n'a jamais cessé de célebrer la mode et l'art de vivre comme l'a rappelé son porte-parole.
Un amoureux de Paris
Né le 27 février 1939 à Himeji, près d'Osaka, Kenzo se passionne pour la couture et le dessin depuis toujours. Il arrive en France en 1965 et s'y installe pour toujours. En vrai amoureux de la France, il se prêt au goût et à la mode du moment et lance sa première collection en 1970, qu'il conçoit dans une boutique de la galerie Vivienne dans le 2ème arrondissement. Il déménage en 1976 vers un lieu plus grand. place des Victoires et fondne sa marque sous son seul prénom. Il crée alors l'événement… à son insu !
Il a eu du mal à démarrer de part ses difficultés pour maîtriser la langue française, ce qui est compréhensible étant donné son manque de pratique de la langue et se trompe lors de la présentation de la première saison en intervertissant l'été et l'hiver ce qui crée l'anecdote. Felipe Oliveira Baptista, directeur de la création de Kenzo depuis 2019 dit: "Quand il a montré ses premières créations, il s'est trompé de saison. Il ne maîtrisait pas le français, il a donc présenté la mauvaise; l'été au lieu de l'hiver ou inversement, je ne sais plus".
Il a ensuite lancé sa ligne pour hommes, en 1983, et ensuite son parfum Kenzo Kenzo en 1988. En 1993, il a vendu sa marque au groupe de luxe LVMH. Kenzo a quitté la mode en 1999, pour des projets plus ponctuels, et restera connu pour son attachement à la couleur et sa déclinaison à l'infini du métissage.
"Il avait donné à la couleur et à la lumière toute leur place".
L'annonce de sa disparation a provoqué un raz-de-marée de réactions dans le monde de la mode comme dans celui de la politique notamment par la réaction de la maire de Paris Anne Hidalgo qui a fait part sur Twitter de son immense tristesse. "Créateur avec un talent immense, il avait donné à la couleur et à la lumière toute leur place dans la mode. Paris pleure aujourd'hui un de ses fils".
« Kenzo Takada était d’une incroyable créativité ; d’un trait de crayon, d’un geste vif, il inventait une nouvelle fable artistique, une nouvelle épopée colorée mariant Orient et Occident, son Japon natal et sa vie parisienne », a déclaré Jonathan Bouchet Manheim, le directeur général de la marque de design K-3, lancée en janvier, le dernier projet de Kenzo Takada.
« Large sourire, yeux éternellement rieurs encadrés de lunettes rondes, Kenzo Takada incarne la joie de vivre. Au fil du temps, cette dernière est même devenue son fil créatif, se traduisant par l’association – et même la fusion – de couleurs, de motifs à la fois animaliers, floraux et géométriques qui rendent son style si personnel », lui a aussi rendu hommage K-3.
« Kenzo Takada a su, à partir de 1970, donner à la mode un ton de poésie légère et une allure de douce liberté qui a inspiré de nombreux créateurs », a salué de son côté le PDG de LVMH, Bernard Arnault.
« La ministre de la culture salue la mémoire d’un créateur iconique et audacieux », ont déclaré à l’AFP les services de la ministre Roselyne Bachelot. « Je l’aimais et l’admirais », a confié l’un de ses prédécesseurs, Jack Lang.